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  • camilleamblard

La Turquie (4/4) : le Mont Ararat

20 mai 2023

8h: je me fais réveiller par une caméra pointée sur ma tête : c’est Romain qui est déjà prêt à affronter le mont Ararat.

On finit les derniers préparatifs des sacs. Cuma, notre guide, nous prête des chaussures : celles de Romain semblent bien adaptées aux conditions extrêmes qui nous attendent, les miennes sont plus faites pour de la randonnée en basse altitude… nous partons donc un peu sceptique sur la qualité des chaussures prêtées.


Cuma nous amène en voiture rejoindre le reste de l’équipe. Nous rencontrons nos co-equipiers pour cette ascension : un groupe d’une douzaine de russe. Leur approche est chaleureuse. Nous comprenons vite que les quelques jours en leur compagnie ne vont pas être tristes : ils respirent la joie de vivre.


10h : il est l’heure d’attaquer cette montagne sacrée. Les guides chargent les chevaux qui montent les vivres et le reste du nécessaire au campement. Les chevaux ne sont pas bien traités. Nous avons un sentiment de culpabilité de « participer » indirectement à cet esclavage.



Après 1 000 m d’ascension nous arrivons au camp de base. La neige est présente dès 3000 m. Les guides nous expliquent que ce mois de mai est exceptionnel : normalement à cette période de l’année le front de neige se trouve à plus de 4000 m.

Nous installons donc notre tente dans la neige à 3300 m. La vue se dégage sur le sommet du Mont Ararat : c’est la première fois que l’on peut apprécier la vue complètement dégagée de ce colosse de 5137m !



21 mai 2023

Nous partons pour une marche d’acclimatation, nous montons à plus de 4000 m. Mes chaussures prennent l’eau, je me gèle les pieds pendant cette journée. Je me demande comment je vais pouvoir faire l’ascension le lendemain avec de telles chaussures sans perdre mes orteils : à cette altitude la température avoisine les -15 degrés.


Une fois redescendus au campement, nous nous réchauffons avec du thé chaud servi avec des biscuits.


Nous passons le reste de la journée à nous reposer et à discuter avec notre groupe de russe. Ils enchaînent les bières, les shots de cognac, whisky, et autres alcools! Nous sommes étonnés de la quantité d’alcool qu’ils ont amenés pour cette ascension !! Entre rire et alcool, nous découvrons des individus très chaleureux et plein d’autodérision.



Le soir venu il nous faut trouver une solution pour mes chaussures. Après discussion avec les guides, c’est finalement le cuisinier du campement qui me prête ses chaussures bien plus adaptées. Il faudra cependant que je me contente d’une paire en 42 (je fais du 40) : tant pis elles me seront bien trop grandes mais au moins je ne perdrais pas mes orteils.



22 mai 2023

2h : le petit déjeuner est servi, nous prenons un bref en-cas pour attaquer cette longue journée.

2h30 : ça y est nous commençons l’ascension. Il fait nuit et bien froid : il est bien trop tôt à mon goût pour commencer la journée ! Mais nous partons déterminés et motivés pour gravir cette montagne sacrée.



Le soleil commence à se lever. Nous avançons trop doucement à notre goût : l’avantage c’est que l’acclimatation se fait aisément.


Dès que nous passons les 4000 m d’altitude, nous nous retrouvons dans un épais brouillard. Les conditions ne sont pas idéales : en plus du froid, la visibilité est très réduite et un fort vent glacial souffle sur la montagne. Nous mettons nos crampons pour faciliter la marche dans la glace. Le niveau du groupe est tres hétérogène : il y a trois russes qui traînent la patte et souffrent du manque d’oxygène. Nous devons les attendre longtemps et il faut avouer que dans ce froid chaque pause est frigorifiante !



A 4500 m un groupe de 3 espagnols nous rattrape. Ils vont plus vite que notre groupe. Notre guide nous voyant impatients nous propose de continuer l’ascension avec les espagnols.

Romain et moi changeons donc de co-équipiers et nous poursuivons notre montée dans des conditions de plus en plus compliquées : le vent est de plus en plus fort , on ne voit pas à plus de 50 mètres. On se suit de près pour ne pas se perdre. Nous franchissons la zone technique.

Le manque d’oxygène se fait sentir : dès que l’on essaye d’accélérer, l’acide lactique arrive vite aux muscles. Nous n’avons pas le choix que d’avancer doucement.


À 4 900m le vent s’intensifie encore : il balaye la neige qui vient nous fouetter. Le guide n’est pas serein sur les conditions.


Nous continuons jusqu’à 5 045 m où notre guide nous oblige à faire demi-tour car les conditions sont trop dangereuses.

Nous sommes bien déçus de ne pas pouvoir finir cette ascension en étant si proche du but : il nous manque seulement 92 m de dénivelé !!



Nous redescendons donc au camp de base. La descente est longue et fatiguante pour les genoux.



Nos derniers kilomètres en Turquie

C’est un petit peu déçus de ne pas avoir atteint notre objectif que nous reprenons notre route direction la Géorgie. Nous sommes quand même très heureux d’avoir fait notre premier 5000 m ensemble.


Les derniers kilomètres en Turquie sont très agréables : nous passons plusieurs beaux lacs et quelques ville agréable. Romain étant malade, nous sommes contraints de faire une halte à Igdir. L'enchaînement de nos journées de vélos et de l'ascension du Mont Ararat a sûrement du fatiguer nos organismes. Heureusement nous rencontrons Umit à Igdir qui nous héberge deux nuits, le temps que Romain se rétablisse.

Nous faisons ensuite une halte à Ani, l’ancienne capitale arménienne maintenant sur le territoire turc. Le site est magnifique et les vestiges arméniens sont très beaux.



Une jolie route sinueuse et en altitude nous amène à la frontière géorgienne.



C'est le coeur rempli d'amour que nous quittons ce pays, nous garderons de magnifiques souvenirs de la traversée de la Turquie : des dizaines de belles rencontres et des paysages incroyables !!






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