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  • camilleamblard

La Turquie (2/4) : D’Istanbul à la Cappadoce

Dernière mise à jour : 7 juil. 2023


Après une petite semaine de visite,nous quittons Istanbul le jour de l’aïd : ce vendredi 21 avril est bondé dans toute la ville, toutes les artères sont bouchées. Nous décidons de quitter cette capitale touristique par bateau afin d’éviter cette circulation monstre et cette banlieue interminable, nous évitons donc 50 kms de flux continu de voitures.

Le bateau est une bonne manière de voir Istanbul sous un autre angle, il faut aussi dire que nous n’avons pas vu la petite heure de traversée passer, nous étions trop occupés à nous prélasser dans l’unique fauteuil massant du bateau. En même temps pour 0,90€ les 20 min pourquoi se priver ?!


A peine accosté à Yalova, la première étape est de se réhabituer à notre rythme de pédalage, mais quel plaisir d’à nouveau avaler les kilomètres et de revoir les paysages défiler. La topographie change radicalement avec le côté européen d’Istanbul : le terrain est bien plus montagneux. C’est sous un soleil radieux que nous nous éloignons du canton de Bursa. Nous serpentons au milieu des oliviers plantés à perte de vue en bordure du lac Iznik.



Nous nous enfonçons dans les collines vertes et désertes avant d’arriver dans un tout petit village où nous passons notre soirée de l’aïd.  Les locaux tout fraîchement rencontrés sur le bord de la route nous proposent de planter la tente en face de leur maison. Le fils de la famille nous apporte un plateau garni de tous les bons plats maison préparés pour l’occasion de cette célèbre fête : soupe de poulet, riz pilaf parfaitement cuit, baklavas... Nous sommes émerveillés par cette générosité omniprésente. Cela nous conforte vraiment dans l’idée que notre façon de voyager est la plus adaptée pour rencontrons des gens et découvrir leurs cultures. Cela nous permet également de manger des plats maisons bien plus savoureux qu’au restaurant. Que demander de plus?


Plus nous nous enfonçons vers l’Est plus nous découvrons les habitudes, les raisonnements et le fonctionnement des Turcs. Certains préjugés s’envolent : Par exemple notre crainte de ne pas être respectés sur la route n’était vraiment pas fondée. En Turquie les conducteurs roulent pour la plupart assez doucement et s’écartent même exagérément au moment de nous depasser. Nous avons bien sûr aussi le droit à notre petit ou gros coup de klaxon en guise de salutation. C’est une bonne surprise pour un pays dans lequel nous allons passer un mois et demi.

Lors de nos passages dans les petits villages il est drôle de voir ces dizaines d’hommes en tenue du dimanche assis sur leurs petites chaises dans les cafés en train de discuter ou de jouer au « okey » ( le rami Français).

On se fait la plus part du temps inviter à boire le thé dans ces lieux exclusivement réservés aux hommes. Camille est à chaque fois la seule femme sur la terrasse.



La communication est souvent compliquée car personne ne parle anglais. Nous arrivons à trouver quelques anciens qui ont passé du temps à travailler en Allemagne. C’est l’occasion pour Camille de réviser ses cours d’allemand du lycée.


Les villages sont de plus en plus espacés jusqu’à atteindre la grosse ville de Kulu où résident 80 000 habitants. La tempête nous contraint à chercher un lieu où nous abriter. Deux dames nous voyant dans la rue nous invitent à entrer dans un petit restaurant spécialisé dans le çig kofte ( Pâte de boulgour aux épices roulée dans une galette de blé).

Nous nous empressons de les rejoindre. Le patron du restaurant Mehdi, est le mari de  Filiz l’une des deux femmes nous ayant interpellées

Sans parler la langue nous arrivons à nous faire comprendre et passons un agréable moment. Elles nous invitent même à la fête de l’école des enfants qui a lieu le lendemain. Medhi nous prépare sa spécialité et nous offre deux assiettes bien garnies.

Avant de se dire au revoir, un homme d’une soixantaine d’année entre dans le restaurant et nous parle directement anglais. Il nous avait aperçu de la fenêtre de chez lui en train d’entrer dans le restaurant. Il s’est dit qu’il ferait bien de venir nous aider à faire l’interprète. En Turquie très peu de monde parle anglais. Après une courte présentation, Kemal nous demande ce que nous avons de prévu pour la fin d’après-midi, nous lui répondrons que nous allons chercher un lieu où dormir. Il nous invite spontanément chez lui pour passer la nuit. Ni une ni deux, nous traversons la rue en sa compagnie pour rejoindre son appartement. Nous réalisons rapidement que nous avons à faire à quelqu’un d’atypique . Kemal a vécu 35 ans en Suède et est revenu dans sa ville d’origine pour je pense profiter de son pouvoir d’achat d’ex-européen et pour mener deux causes qui lui sont chères: Éduquer par la lecture les jeunes de la ville et faire campagne pour son héros «Recep Erdogan » le président en place. Il dit pouvoir mourir pour lui et combattra tous ceux qui sont contre sa campagne.

Dans le fond on pourrait se dire que cet homme est très fier de son pays et à de bonnes intentions pour son peuple.

En réalité en entrant dans son appartement nous découvrons une toute autre vérité: Une ambiance indescriptible, comme si nous étions spectateurs de notre propre vie, on se croirait dans un film de bandit où la tension est au maximum. Des drapeaux Turcs recouvrent tous les espaces libres sur les murs, des slogans anti Europe écrit à même le mur ! Il nous avoue organiser des manifestations anti OTAN devant la mairie de la ville en brûlant des drapeaux européens.


Dans une épaisse fumée de cigarette, nous nous enfonçons dans le couloir en direction du salon :

3 personnes sont assises autour de la table et un perroquet caractériel vole dans tous les sens.

Kemal nous présente très fièrement sa compagne, il nous précise avec un rire gras que Birsen est la plus vielle de ses 3 femmes (Elle a 28 ans). C’est la seule qui vit en plein temps avec lui. Elle est syrienne et espère qu’avec cette union elle pourra obtenir une résidence permanente en Turquie. A cette table nous rencontrons également Mehmed, le patron du tabac de la rue d’à côté. Nous apprenons que la moitié de ses ventes sont issus de la contrebande. La troisième personne présente s’appelle également Kemal : il est le garde du corps du chef de la police de la ville.

Avec Camille nous gardons le sourire et essayons de détendre l’atmosphère. Les 2 hommes à table nous analysent des pieds à la tête sans décrocher un sourire. Ils nous demandent avec un anglais approximatif, comment est il possible de quitter son travail pendant un an et de voyager?!! Selon eux seulement 2 options sont possibles : « soit vous êtes les enfants de Elen Musk, soit vous avez une grosse fortune personnelle » . Malgré nos explications, aucun d’entre eux n’a compris comment c’était possible.

Je pense que ce sujet est le plus fréquent que nous avons sur notre trajet. Dans la plupart des pays, il n’est pas concevable et cela semble impossible d’avoir les ressources nécessaires pour vivre un an en voyage sans travailler.

C’est aussi lors de ces discussions que nous nous rendons compte que la France est un pays où nous avons la possibilité d’avoir des loisirs. Nous avons appris tout jeune à profiter de loisirs et surtout nous avons la possibilité d’économiser de l’argent pour faire de tels voyages.

Après une longue soirée de discussion, nous dormons sur les canapés du salon. A 7h du matin, Kemal arrive en furie dans la cuisine. Il est totalement saoul, il a bu la moitié de la nuit. Birsen nous avoue que cela arrive tous les jours. Il a des discours incohérents. Il pleure, critique nos ancêtres européens et devient violent. Il fair que je lui serre fort l’épaule pour qu’il comprenne qu’il ne faut pas que ça dégénère. Birsen n’est pas à l’aise et préfère partir faire des courses.

Nous profitons de notre invitation à la fête des écoles pour vite quitter les lieux.

Le voyage c’est aussi ça : Au milieu des dizaines de belles rencontres, on peut aussi vivre des aventures originales.

Nous faisons un bref passage à l’école élémentaire du quartier pour saluer nos nouveaux amis rencontrés la veille au restaurant. Notre venue ne passe pas inaperçue : En même temps deux européens sur des vélos colorés ce n’est pas très courant ici. Avant d’aller s’asseoir avec tout le gratin politique, le chef de la police présent pour l’occasion vient nous saluer et nous poser quelques questions sur notre présence ici. Nous sentons un certain contrôle de l’information, nous apprenons même que notre arrivée dans la ville avait déjà été rapportée la veille au commissariat général.


Il est temps pour nous de reprendre notre route vers nos bien aimés chemin et zones de natures désertes, nous allons être servi : 50 kms plus loin, nous arrivons à Tuz Gölu. Un immense lac salé où résident des familles de flamand rose. Avant d’appréhender la traversée de cette bande de terre au milieu du lac, nous nous faisons ravitailler notre repas du midi par une dame adorable vivant dans une petite bourgade aux abords de cette mer de sel.


La traversée ne fait que 7 kms et pourtant nous y passons deux heures: le paysage est si grandiose! Nous faisons des pauses photos et contemplations tous les 200m.


De l’autre côté du lac il est déjà tard, nous nous arrêtons dans une épicerie pour acheter 1kg de riz et là, comme un mirage, à 100m de nous, deux cyclo-voyageurs venant dans notre direction en faisant des grands signes. C’est avec une certaine euphorie que nous allons à leur rencontre. Nous faisons la connaissance de Markus et Xaver, ces deux autrichiens également partis vers l’est en vélo en mars . Nous passons 3 jours très humides en leur compagnie. Cela fait plaisir de partager quelques kilomètres avec des gens qui vivent une aventure similaire.


Nos chemins de séparent une fois arrivés à Goreme : La ville principale de Cappadoce.

Ils préfèrent continuer leur route vers l’Iran en évitant les lieux touristiques.

Même si notre philosophie est la même, nous ne pouvons pas manquer une visite de la Cappadoce en profondeur, cette région connue par les fond d’écrans Windows et ses centaines de montgolfières.

Mais la cappadoce ce n’est pas uniquement ça.

Loin des foules nous partons découvrir l’envers du décor, nous sommes très agréablement surpris de voir ces innombrables vallées toutes plus belles que les autres. Des couleurs rosées, orangées, rouges, blanches, Des formations rocheuses de toutes formes . Chaque randonnées est comme un voyage différent. Il n’y a personne sur les chemins, tout est accessible librement, les maisons troglodytes accrochées à flan de falaise sont toutes ouvertes, les très nombreuses églises millénaires sont accessibles sans conditions ( car oui il y a 1000 ans la région était chrétienne).



Nous n’avons pas pu éviter notre tant attendue nuit en bivouac sur les hauteurs des cheminées de fée. Nous avons vécu l’un des plus beau coucher de soleil de notre début de voyage et surtout le plus beau lever. Autour des 4h du matin, un bruit de lâcher de gaz par alternance nous réveille. En ouvrant la toile de tente, nous n’étions pas préparés à ce spectacle inoubliable : Des centaines de montgolfières qui rasaient les rochers voisins de notre campement.



C’est après 5 jours de visite intensive que nous décidons de reprendre nos fidèles destriers et cette fois ci sous un grand soleil.







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