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La Turquie (3/4) : De la Cappadoce au Mont Ararat


C’est reposé et pleins de belles images de cappadoce en tête que nous reprenons la route.

La semaine qui nous attend va être sportive et éprouvante, notre choix d’itinéraire s’est porté sur la traversée des montagnes entre Urgup et Diyarbakir : des journées bien montagneuses qui nous font grimper plus de 1 200m de dénivelé positif par jour sur 7 jours et sur environ 800 kms.

A peine reparti de Goreme, l’hospitalité turque reprend de plus belle. C’est dans notre premier col de la journée, vers 1 km du sommet que trois dames nous arrêtent littéralement sur le bord de la route pour nous donner du pain tout fraîchement cuit d’une façon très traditionnelle. Nous en profitons pour voir le procédé de plus proche :

Le four à pain a une forme de puit, des braises sont placées à environ 1,20 m de profondeur. Ces dames n’ont plus qu’à coller la pâte fraîche aplatie au préalable contre le mur chaud. En quelques secondes le tour est joué: Un pain rond et plat tout chaud sort du four.



Notre première journée sur le vélo est vraiment agréable comme à chaque fois qu’on repart d’une pause de plusieurs jours. Le paysage n’est comparable à rien depuis le début : Des grandes montagnes aux sommets enneigés à perte de vue espacées d’immenses plaines qui pourraient nous faire penser aux steppes d’Asie centrale ; des bergers à dos d’ânes gardent des troupeaux de centaines de moutons. En Turquie il n’y a pas d’élevage intensif. Les animaux vivent en liberté et sont rabattus le soir. Ce paysage sans clôture et sans limite donne une vraie impression de grandeur.




Après trois jours de route et de nombreuses invitations à manger et boire le thé chez les gens, nous nous rapprochons de la ville d’Adyaman, là où le tremblement de terre de février dernier a fait des milliers de morts et énormément de dégâts.

A 100 kms au nord d’Adyaman, nous avançons péniblement à 20 km/h en descente tellement le vent est fort. Comme si le vent voulait nous passer le message de changer d’itinéraire et d’éviter cette zone sinistrée.

Un balai incessant de camions chargés de matériel de secours et de préfabriqués nous doublent sur cette autoroute presque vide.

C’est bourré de questions et avec le sentiment d’illégitimité que nous arrivons à Goksun, la première ville touchée par le séisme.

Qu’allons nous trouver sur place? Est ce que les gens vivent toujours ici? Allons nous déranger ?

C’est donc sur la pointe des pneus que l’on traverse cette ville démolie. Des tentes sont installées à côté des ruines de maisons, des immeubles complètement fissurés, des routes rapiécées, des visages meurtris, des sourires envolés. On a bien conscience que chaque personne que nous croisons a perdu au moins un proche dans cette catastrophe.

En se rapprochant du centre ville, entre les pelleteuses et les équipes de démolition, on parvient à retrouver de la joie et de la vie au milieu des marchands de rue et des petits restaurants encore debout.

La générosité et la gentillesse sont toujours de mise et les petits attentions à notre égard sont omniprésentes. Nous retrouvons cette bonne humeur et hospitalité Turque des dernières semaines.



Cette semaine éprouvante nous réserve notre lot de surprises. Depuis quelques jours Camille digère mal certains aliments du quotidien. Difficile d’identifier le problème mais il vient sûrement du pain. C’est donc vidée et sans énergie qu’elle essaie de vaincre le vent et d’avancer tant bien que mal! Pour ma part, une crevaison lente de ma chambre à air nous contraint de nous arrêter régulièrement pour regonfler, le gros soucis est que la pompe qui montrait déjà des signes de fatigue a complètement rendu l’âme deux jours plus tard. Nous avons comme un gros sentiment de solitude dans cette zone dévastée avec une Camille malade et un pneu qui perd de l’air. Il est impossible de trouver quelqu’un qui peut nous dépanner avec une pompe ayant le bon embout de valve. La pression du pneu ne fait que descendre. Après une grosse journée de pluie et de vent, il ne reste plus qu’une bar dans le pneu : ce n’est plus possible de rouler. La seule solution est de faire du stop. A peine arrêté au bord de la route, comme par magie, un monsieur sort de son préfabriqué et nous propose de manger avec lui. Sans grande conviction, nous lui demandons par hasard si il a une pompe avec un petit embout, et là : MIRACLE!! Il nous sort une mini pompe à main adaptable à ma chambre à air, j’en profite pour la changer et repartir sur de bonne bases. Nous reprenons donc la route après avoir partagé le repas avec ce monsieur. Il ne reste plus qu’à régler les problèmes gastriques de Camille.


C’est au bout du cinquième jour et à environ 300 kms de l’épicentre que le paysage change : Nous laissons derrière nous les villages de préfabriqués et retrouvons des bourgades intactes.

Nous faisons une halte à Nemrut Dagi, cette montagne sacrée à 2000 m d’altitude où le roi Antiochos aurait été enseveli en 34 avant JC sous un tumulus de 145 mètres de diamètre et haut de 50 mètres constitué d’éclat de pierres larges.

Les 15 statues représentant des Dieux grecs sont installées autour de ce monticule de cailloux et gardent précieusement le mystère du lieu.




Nos organismes commencent à fatiguer après cette semaine éreintante. Il est temps de faire une pause. Nous choisissons de nous arrêter quelques jours à Diyarbarkir. Cette ville de 1 million d’habitants est principalement occupée par les kurdes, c’est l’occasion de goûter de nouvelles spécialités. Ici on mange du moumbar «  boyau de mouton farci au riz » ou encore des brochettes de foie d’agneau. Rien de tel pour recharger notre capital énergétique.




A peine reposé, il faut déjà repartir, nous sommes attendu dans une semaine par un guide pour entamer une expédition de 4 jours jusqu’au sommet de la montagne sacrée ( mont ararat) qui culmine à 5137m. Nous devons encore parcourir 600kms avant d’y arriver.

De nouveau sur la route, on se permet tout de même un petit détour vers la ville de Mardin, à la frontière avec la Syrie, cette ville est typique du sud de la Turquie par son architecture : Des façades de couleur sable et beaucoup de bâtiments religieux sont disséminés sur cette ville à flan de colline.




De nouveau dans la direction du mont Ararat, nous avons en ligne de mire le Lac de Van, c’est une énorme étendue d’eau entourée d’anciens volcans. Nous faisons d’ailleurs une petite halte dans la ville de Tatvan pour en visiter l’un d’eux : Nemrut cratère. Comme son nom l’indique cet cratère de 7 km de diamètre est aussi beau qu’impressionnant. Nous passons une journée entière à arpenter les petits chemins surplombant le lac de 170m de profondeur qui occupe la moitié du cratère.




Après une rencontre spontanée dans les petites rues de Tatvan, une adorable famille Kurde nous propose de nous  héberger. Nous restons deux nuits en leurs compagnies dans la spacieuse maison surplombant le lac construite par le père de famille. Nous vivons le premier tour des élections présidentielles avec eux. De nombreux cousins sont présents pour l’occasion. C’est très riche en débat et assez drôle à voir d’un point de vue extérieur même si on ne comprend pas la langue, on arrive à distinguer les points de divergence de chacun : Les jeunes veulent du changement alors que les anciens sont plus conservateurs.

Nous avons eu un accueil indescriptible, Berat, le deuxième fils de cette fratrie de 4 garçons nous répète que nous sommes ici chez nous et que la prochaine fois que l’on vient c’est pour rester au moins deux mois. Les au-revoir sont déchirants, quelques larmes coulent pour Camille et Leila, la mère de famille.



De nouveau sur la route, il nous faut deux jours pour longer le sud du lac avant d’arriver à Van. Nous faisons l’arrêt bivouac obligatoire face à l’île d’Akdamar. Sur cette île, on peut visiter une des dernières églises arméniennes encore debout autour du lac. Cette zone très controversée appartenait effectivement à l’Arménie il y a plusieurs siècles et plus de 150 églises et monastères étaient alors présents.



Van est la dernière ville où l’on fait un arrêt avant la fameuse ascension. Nous en profitons pour nous requinquer avec un bon kahvalti, Camille se régale avec les Izmir Bomba et les nombreux thés offerts.

Il reigne ici un air de vacances. Il fait bon vivre dans cette grosse ville au bord du lac.

Les animations sont principalement dans les rues, le lac et ses abords ne sont pas exploités par faute de moyens. La population n’a pas assez de ressources financières pour espérer faire des sports nautiques. C’est une des raisons pour lesquelles le lac est intact et si beau : Pas béton , pas d’infrastructure, juste de l’eau et des montagnes.


Plus que 200 kilomètres nous séparent de Dugubayazit, la ville de départ pour les ascensions du mont Ararat. Cette zone de Turquie est bien plus désertique que dans le  reste du pays.

Une grosse tension est palpable. Nous sommes au carrefour de l’Irak, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et l’Iran. Nous longeons d’ailleurs sur plusieurs kilomètres la frontière iranienne à plus de 2600m d’altitude. Environ tous les 20kms nous sommes arrêtés et contrôlés à des barrages militaires permanents. Nous demandons pourquoi un tel dispositif est mis en place. La réponse est simple et directe : Les militaires Turcs doivent assurer la sécurité et défendre les frontières de la Turquie contre les terroristes Arméniens, irakien et iraniens.



En réalité le sujet est plus complexe. ces postes de garde sont ici pour avoir une présence militaire dans cette zone encore très controversée et qui appartenait encore très récemment à l’Arménie.

Les 40 derniers kilomètres avant Dugubayazit sont une descente qui serpente dans des canyons rouges digne des films de farwest américain.




A bientôt pour la suite avec l’ascension du Mont Ararat !!








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